J'ai toujours peiné à dire simplement en quoi les Beatles étaient un groupe d'exception. Leur préférant les Stones et quantité de formations bruyantes comme tout, je n'éprouve pourtant aucune difficulté à reconnaître qu'ils furent les plus géniaux de tous ceux qui ont œuvré à une ou deux guitares, une basse et une batterie. Quant à dire pourquoi, donc, l'affaire se complique. Sauf à verser dans un catalogue d'aimables poncifs, le propre du génie consiste à être insaisissable, ressenti plutôt qu'expliqué. Depuis une grosse trentaine d'années que je m'intéresse au rock n'roll envisagé au sens large, j'ai toutefois pu relever un fait objectif : les authentiques fans des Fab Four sont les plus obsessionnels du lot – m'y entendant en monomanies, on lira la formule qui précède comme un hommage. Il s'avère que trois de ceux qui m'honorent de leur amitié ne s'étaient jamais rencontrés avant 2023, et que l'idée d'être rassemblés autour de quoi boire et manger seyait à chacun. Rendez-vous fut donc pris en février. Je m'y rendis comme au Hellfest, carnet et stylo à portée de main, projetant de retenir la moindre velléité d'imposer une trame à la discussion, et surtout absolument dénué d'un pronostic sur le résultat de cette expérience de sociologie de groupe, qu'il s'agisse d'un pacte de sang, de bris de mobilier ou de tout produit de sortie intermédiaire. Tout juste avais-je l'intuition que l'amical et excentrique aréopage m'aiderait enfin à dire pourquoi les Beatles sont bien les plus géniaux du lot.