Entomologiste français du XIXe siècle, Jean-Henri Fabre acquit une renommée mondiale depuis son village de Provence, en particulier pour ses articles de vulgarisation scientifique, bien qu’il fût largement autodidacte et longtemps ignoré par ses pairs. Il vécut assez vieux pour recueillir des hommages à profusion de son vivant, dont ceux du président Poincaré lui-même. Un tel saint laïc mériterait force panégyriques ; le projet littéraire d’un écrivain digne de ce nom, lui, consiste à user de la fiction pour en foncer quelque peu l’auréole en imaginant ce que put être sa part d’ombre. Pour ce faire, Fabre devient Anthelme, long sexagénaire aux yeux perçants et au profil d’oiseau de proie que les habitants de son patelin connaissent fort bien et redoutent peut-être un peu. Le bougre passe ses journées en extérieur à farfouiller la terre au soleil du Midi, mais ses mains arachnéennes demeurent étonnamment blanches. On prend l’érudit pour un vague rebouteux.