Antoine Galland a dépassé quarante ans, « l’âge où l’on cesse officiellement d’être jeune » ; à compter duquel, partant, l’inexpérience n’aura plus jamais valeur d’excuse refuge. Après quoi subir et faire profil bas, pour qui y était déjà enclin, occupent une place croissante dans l’emploi du temps d’un milieu de vie. C’est ainsi qu’Antoine affronte stoïquement le supplice infligé par ses deux filles Garance et Aubépine dans le hall de l’aérogare où les attend le prochain vol pour Alexandrie. Loin de la France et de leurs mère et ex-femme, tous trois séjourneront au Kloub, village de vacances prisé des ploutocrates, en tant que M.E. ou « membres exquis ». Quelques pages auront suffi au lecteur pour connaître Antoine comme son frère ou son prochain, pour peu qu’il soit familier de cette époque de l’existence et de ses implacables effets sur les introvertis contemplatifs : l’homme est dépassé, asservi, désespérément désireux d’être invisible à ses semblables. Au point de renier absolument, par son choix de l’exotisme mercantile et dévoyé du Kloub, sa vocation d’universitaire spécialiste de l’Orient...